2014-11 Santa Luzia

Santa Luzia, île déserte, pas vraiment.... C'est un petit paradis loin du monde moderne.
Nous restons ici 3 nuits

Mardi matin 18 novembre vers 9 heures nous quittons Mindelo. Eric a pris la météo et normalement ça doit être une petite navigation cool au moteur d'environ 25 Mn. Finalement ce n'était pas tout a fait ça. Vent arrière, du prêt, vent de face, houle croisée, au moteur, à la voile avec 1 ris, génois sortie ou en partie enroulée. Tout sauf agréable, nous n'avons pas envie de rester traîner et gardons le moteur en route pendant toute la navigation pour pouvoir avancer à une vitesse correcte. Avec les nuages noires au dessus de la côte, l'ambiance est très hostile, ce qui explique sûrement pourquoi cette partie de l’île est inhabitée. Nous croisons un dauphin qui passe tranquillement à quelques mètres du bateau.
Nous avançons bien, mais pas toujours dans la direction souhaitée.
L'état de la mer ne permet pas de faire route directe. Il faut tirer des bords. Finalement à 8 Mn de Santa Luzia, le vent tourne à nouveau, la mer se calme, nous enroulons le génois, et mettons cap direct vers notre destination.

Pendant le trajet, j'avais mis ma ligne de pêche. Nous avons fait 2 touches mais au moment de remonter les poissons à bord, ils ont réussi à se décrocher et à partir. La 2ème était une dorade coriphène d'environ 50 cm, dommage mais ils se sont battus pour leurs vie et ont gagnés. La prochaine fois, la victoire sera pour nous.... Ce soir, nous ne mangerons pas de poisson !  

 
Le mouillage est calme, en plus de nous, il y a quelques bateaux dans la baie. De temps en temps, la houle contourne l’île et fait bouger Atalama. Quelques belles rafales font vibrer le bateau, mais avec 40 mètres de chaîne dans l'eau, Atalama ne risque rien. Des poissons limes et plein d'autres poissons cherchent un peu refuge sous notre bateau et le soir, les barracudas chassent autour. Eric tente un peu d'apnée autour du bateau, mais n'est pas très rassuré : il y a 13 ans, un copain avait été témoin ici d'une attaque de requin sur un nageur. Des bateaux voisins étaient en train de vider des poissons, ce qui avait peut-être attirés des requins, et lorsque le gars a commencé à nager il s'est fait mordre. Le temps de le ramener sur Mindelo il s'était vidé de son sang...

Une nouvelle journée commence... Nous mettons l'annexe à l'eau, et Eric me dépose à terre, lui part faire de l'apnée autour d'un ilot proche. Au bout de la baie, je découvre un petit village de pêcheurs. Ils partent tôt le matin et reviennent en fin d'après midi. Leurs maisons sont plus des tentes de fortune qui servent d'abris pour dormir. Il n'y a ni eau ni électricité. Il est difficile d'imaginer leur vie quotidienne.
Je visite un petit peu l'intérieur de l'île mais reste la plupart du temps au bord de la mer. Que c'est beau ! Des petits crabes et des oiseaux marchent sur le sable à la recherche de nourriture. Quelques plantes ont réussi à s'incruster dans la terre mais elle est sèche et quand le soleil brille dessus, des couleurs chaudes (marron, rouge, brun) apparaissent.

 
Quand Eric vient me rechercher, les vagues ne permettent plus d’accéder avec l'annexe à la plage, il faut nager un peu pour pouvoir monter dessus. Mais dès que je mets mes pieds dans l'eau, une vague énorme me surprend, et après quelques secondes je suis trempée de chez trempée. Heureusement, j'avais acheté une sacoche étanche pour protéger mon appareil photo, et heureusement que l'eau est à 24°C. Il ne me reste plus que à me changer une fois arrivée au bateau et faire sécher mes affaires.

Petit récit d'Eric : "Après avoir déposé Corina sur la plage, je me dirige vers l'ilot Zinho. Un autre équipage à eu la même idée, de plus ils chassent; ils ne vont pas attirer les requins, quand même ! Tant pis, je me mets à l'eau en restant un peu à l'écart. J'entends les flèches partir, je surveille mes arrières. A chaque poisson flèché, ils le ramènent dans leur annexe, c'est déjà çà. Nous avons pourtant déjà plongé avec des requins, mais cette histoire d'il y a 13 ans me trotte dans la tête et me laisse mal à l'aise. Néanmoins, les fonds sont très riches et le déplacement en vaut la peine, même si la visi est moyenne (environ 10 à 15m quand même) : profondeur d'environ 10m sur le sable, et des poissons en quantité et en variété partout. Au point qu'à certains endroits, les poissons soldats masquent totalement la roche. Une grosse raie pastenague rôde sur le sable. Après une petite demi-heure, c'est décidé : cet après midi on replonge. Je remonte dans la mobylette, regagne Atalama, et sort le compresseur pour gonfler les blocs. C'est la première utilisation de ce compresseur à bord (MCH6 Coltri), et cela marche plutôt bien : un bloc de 12L est gonflé de 0 à 200b en 24mn, et installé près du guindeau à l'avant, le bruit reste très supportable dans le cockpit. Il faut juste purger le filtre toutes les 10mn."

Eric m'explique sa petite séance d'apnée et l'après midi, une fois notre annexe bien chargée, nous nous mettons en route. Je ne suis pas déçue. Un vrai aquarium, plusieurs raies pastenague d'environ 1 mètre d’envergure se baladent, des bancs de poissons à perte de vue qui tapissent les rochers (carangues, rougets, balistes, cardinals, chirurgiens, capucins, poissons trompettes, poissons coffres, poissons anges, poissons soldats et plein d'autres), et dans chaque trou une murène dont de très belles murènes léopard. Quelques coraux, vers et éponges poussent sur la roche. Pendant 50 minutes que du bonheur ! Avec la combinaison de 2mm, les 24°C de l'eau sont encore un peu frais.

La 2ème nuit, nous sommes seuls, Metis et Atalama. Il n'y a pas d'autre bateau dans la baie, uniquement les pêcheurs au bout de la plage. De retour du diner sur Metis, et en voyant les poissons en train de chasser autour de notre annexe, la pêche ratée pendant la traversée me travail. C'est décidé, je jette ma ligne de pêche et 2 minutes plus tard, j'ai réussi à remonter le repas de demain soir. Ne reste plus que à les vider et à les mettre au frais.

Gérard et Evelyne partent 1 jour plus tôt vers São Nicolau, et nous sommes seuls pendant quelques heures. C'est une sensation bizard de savoir qu'il n'y a personne autour, que nous sommes loin de la civilisation. Dans l'après midi, nous voyons à nouveau des voiliers arriver. Nous savions que ça ne pouvait pas durer une éternité, le coin est trop paradisiaque.
La dernière nuit, la houle fait bouger Atalama plus que souhaité, nous dormons mal, un signe qu'il faut partir, et le matin, nous mettons cap vers São Nicolau.